Rendu nomade par des collaborations aussi diverses que variées L’Ateuchus a mené durant trois ans un projet de résidence au lycée Armand Malaise de Charleville-Mézières. Conscient que la place de l’artiste dans une société, si petite soit-elle, est sans cesse à défendre, définir, et redéfinir, le projet de l’Ateuchus a d’emblée été de ne pas dissocier sa pratique selon les deux pans de l’intitulé de la résidence : l’artistique et la médiation culturelle. La proposition a donc été de faire de la vie et des activités des artistes au cœur de ce lycée un acte de création. Affirmant ainsi la pédagogie développée autour de la marionnette comme un élément constitutif de ce processus de création, l’Ateuchus a tenté d’y inscrire la majeure partie de ses interventions et de faire de ses expériences, ses rencontres, le sédiment, la matière d’objets artistiques. Je est un autre, cet autre est objet de je(u) est le titre de ce projet.

Le Film: « Je est un autre, cet autre est objet de je(u) »

« La Marionnette est au théâtre ce que la poésie est à la littérature, sa conscience et son âme. » (Roman Paska)

C’est ce jeu, cet espace d’articulation entre marionnette et poésie que nous travaillons.
Deux arts où les notions de signe, de sens, de son, d’espace et de temps sont traitées comme une même matière : matière impressionniste, matière poétique, matière marionnettique.
Lorsque nous avons construit notre projet initial pour la résidence 200809
Je est un autre, cet autre est objet de je(u), c’est ce jeu autour de la phrase célèbre extraite de la lettre du voyant d’Arthur Rimbaud qui nous a semblé résonner de la manière la plus pertinente avec le travail que nous souhaitions proposer au lycée Armand Malaise.
Au fur et à mesure de l’élaboration de ce projet, puis au cours de l’année, le visage de Rimbaud s’est fondu peu à peu à celui du personnage d’adolescent que nous avions imaginé comme axe central de notre projet. Cette marionnette, symbole de l’Autre, avec laquelle nous nous proposons de faire entrer en relation les membres de la communauté du lycée, cet Autre symbolique, autre inerte face aux vivants, cet Autre de papier de soie, autre miroir de soi, cet Autre étrange, étranger, a définitivement pris, au cours de sa construction les traits de l’adolescent qui invectivait les Assis de Charleville (voir photos ci-contre).
Lors de cette construction, nous nous sommes replongés dans les poèmes, anecdotes, historiettes, histoires de la légende Rimbaud. A ces lectures, s’est ajouté le travail d’après le Parti Pris des Choses de Francis Ponge, proposé par Louisa Djenane et mené avec sa collaboration dans sa classe de 1PTBEE (voir bilan).
Et notre personnage s’est vêtu d’autres oripeaux poétiques.
Notre marionnette adolescent ne sera donc pas une représentation d’un Rimbaud de carte postale mais bien un Autre Rimbaud, inspiré tout autant par ses multiples images, que par ses avatars créés par Pierre Michon, Ernest PignonErnest,
David Wojnarowicz… ou par ceux dans lesquels on entrevoit parfois ses traits : Bob Dylan, Alan Ginsberg, Jim Morrison…
Notre démarche est de faire dialoguer cette effigie d’adolescent mythique et ceux réels d’Armand Malaise, de les faire se rencontrer, entrer en résonance et tenter à travers l’oeil de la caméra de donner à voir leurs relations.
Nous espérons à travers ce prisme entrevoir le champ des relations qui entrent en jeu dans l’animation de marionnettes.
Autrement dit : Qu’est-ce qui fait qu’une marionnette nous touche ? Comment la touche-t-on ? Qu’est-ce que ça dit ?
Et paraphrasant Ernest PignonErnest, nous tenterons de faire oeuvre de cette situation.

Gabriel Hermand-Priquet Virginie Schell

NB : Ce processus et cette création trouveront un écho dans les lieux mêmes du mythes Rimbaud, plus spécifiquement au musée du Vieux Moulin et à la Maison des Ailleurs, notamment lors de la prochaine Nuit Blanche carolomacérienne 2010 et lors de la Nuit des Musée 2011.